L'histoire

Il faudra attendre l’arrivée des émirs Assafyins au pouvoir en 1540, pour assister au retour des habitants et la reprise des activités à Bickfaya-Mhaydsseh. C’est ainsi qu’un grand nombre de familles quittèrent leur terre d’origine pour venir s’y établir. C’est le cas par exemple, des Gemayel qui quittèrent leur village natal de Geige en 1545 et érigèrent l’Église de Mar Abda à son emplacement actuel. La construction d’autres églises suivit : Saint Michel en 1592, Saint Georges des Grecs Catholiques en 1750, le couvent de Saydet El Najat en 1836 et son Eglise en 1858. 

L’année 1840 constitue une date clé dans l’histoire de Bickfaya qui devint sous le règne des émirs Abillamaa, la capitale du ‘qaemmaqam’ chrétien. L’émir Haidar Abillamaa y érigea un grand sérail qui devint le siège du gouvernement. Restauré sous le mandat du Président Amine Gemayel en 1982 qui en fit un palais présidentiel, le grand sérail a été classé patrimoine culturel. Il constitue de nos jours, une grande richesse historique et architecturale pour le village. En dépit des massacres de 1860 et de tout ce qui en découla, la région de Bickfaya-Mhaydsseh poursuivit son expansion économique, politique et sociale. C’est ainsi que la route d’Antélias-Bickfaya fut inaugurée en 1880. Le tronçon Bickfaya-Dhour el Choueir et la jonction Bickfaya Beit Chabab suivirent quelques années plus tard.

Le premier conseil municipal vit le jour en 1889 et élit Dr Amine Gemayel comme Président de la municipalité. Un grand nombre de projets d’infrastructure furent accomplis sous son mandat.

La première guerre mondiale n’a pas épargnée le village qui fut démoli en grande partie par l’armée turque qui massacra un grand nombre de ses habitants. Les survivants furent alors confrontés à la pire tragédie que le Liban aie jamais connu : une famine due aux vagues de sauterelles qui infestèrent la montagne, décimant tous les champs de plantation et emporta des milliers de personnes qui succombèrent à la faim.

L’époque du mandat français permis au village de Bickfaya-Mhaydsseh de récupérer son souffle et renaitre à nouveau. Les maisons furent reconstruites et de nombreux commerces et industries vinrent s’y établir, drainant ainsi une activité économique conséquente. Le tourisme se développa de façon notoire, créant de nouvelles opportunités au niveau de l’hôtellerie, la restauration et les services. Le village devint à nouveau un pôle culturel, initiant des événements qui dépassèrent ses frontières, tel que la fête des fleurs à laquelle le Général de Gaulle assista en 1942.
La politique eut également une place prépondérante à cette période, qui vit la naissance du parti Kataëb fondé en 1935 par Cheikh Pierre Gemayel, ainsi que d’autres partis politiques. 

Le Grand Bickfaya formé de Bhersaf, Sakiet el Misk, Bickfaya et Mhaydsseh continua à se développer sur les plans : économiques, sociaux, culturels, démographique… En 1964 le Grand Bickfaya se divisa en deux municipalités : la première regroupant Bhersaf et Sakiet el Misk, la seconde constituée par Bickfaya et Mhaydsseh. En 1982, Bickfaya reprit les devants de la scène politique libanaise, le Présent Cheikh Amine Gemayel ayant transformé le Sérail de Bickfaya en palais présidentiel jusqu’à la fin de son mandat en 1988.

Plus grand qu’un village mais plus petit qu’une ville, ce lieu de villégiature unique au Metn, demeure l’adresse incontournable pour tous les visiteurs. Avec la reprise des activités culturelles, notamment les festivals initiés par la municipalité depuis 2010, Bickfaya-Mhaydsseh renoue avec sa tradition de place où il fait bon de vivre.